Des analyses génétiques ont été effectuées sur le 2e loup mâle prélevé dans le Doubs en 2022.

Ces analyses avaient pour objectif de déterminer :

         • l’espèce et l’origine génétique populationnelle ;

          • le profil individuel de l’animal ;

          • la probabilité d’assignation aux deux populations de référence de loups français de type italo-alpin (Canis lupus lupus) et de chien (Canis lupus familiaris) ainsi que l’intervalle de confiance de cette probabilité.

Les analyses génétiques au niveau de l’ADN mitochondrial ont permis de retrouver l’haplotype w22 caractéristique de la population italo-alpine de loup gris (Canis lupus lupus) et retrouvé de façon spécifique en Italie, en Suisse et en France.

La méthodologie utilisée permet de détecter les hybrides de 1ʳᵉ et 2ᵉ génération et n’est pas assez puissante pour détecter de façon fiable des hybrides au-delà de la 2ᵉ génération. Les résultats obtenus sur l’ADN nucléaire permettent de conclure qu’il provient d’un individu « backcross Canis lupus lupus » issu de l’accouplement d’un loup de lignée italo-alpine (Canis lupus lupus) et d’un hybride entre un chien (Canis lupus familiaris) et un loup de lignée italoalpine (Canis lupus lupus).

En 2019, l’ONCFS (devenu depuis l’Office Français de la Biodiversité) et le laboratoire ANTAGENE avait conduit une large étude rétrospective sur le suivi génétique de la population de loups présente en France.

www.loupfrance.fr//wp-content/uploads/LE-SUIVI-GENETIQUE-DES-LOUPS-EN-2018_201903.pdf

Les analyses d’hybridation menées sur 586 profils génétiques d’individus appartenant à l’espèce Canis lupus lupus, avaient donné les résultats suivants :

• 88,7% présentent un patrimoine génétique de loup, de lignée italo-alpine standard « w22 ».

• 3,6% présentent un profil hybride de première génération F1 (tous Louve x Chien)

• 7,5% ont été identifiés comme porteurs d’un héritage « Chien » plus ancien.

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En 2022, les loups ont tué 25 bovins dans le Doubs

Au total pour le seul département du Doubs, 25 bovins ont été tués, 29 ont été blessés, et un ovin a été blessé. Certains élevages ont connu deux attaques cette année, souvent à quelques jours de décalage.

En 2022, la prédation lupine s’est fortement fait ressentir dans le Haut-Doubs et principalement sur les troupeaux bovins.

En effet alors qu’en 2021, on recensait dans le Doubs six attaques sur des troupeaux d’ovins pour lesquelles la responsabilité du loup n’était pas exclue, en 2022, une attaque de loup a été recensée sur troupeaux ovins, et 28 attaques concernaient des troupeaux de bovins.

À cela, se sont ajoutées des attaques sur les bovins dans le département du Jura et dans le canton de Vaud (www.vd.ch/themes/environnement/biodiversite-etpaysage/grands-carnivores).

Au total pour le seul département du Doubs, 25 bovins ont été tués, 29 ont été blessés, et un ovin a été blessé.

Certains élevages ont connu deux attaques en 2022, souvent à quelques jours de décalage.

Cette situation inédite a conduit le préfet du Doubs, Jean-François COLOMBET, à prendre des mesures réactives en vue de la protection des troupeaux d’ovins et de bovins ayant subi des attaques.

Ainsi, le préfet du Doubs a délivré 23 autorisations de tirs de défense simple pour protéger des troupeaux de bovins et 2 pour des troupeaux d’ovins, qui tout deux ont mis en place des dispositifs physiques pour la protection de leurs troupeaux (clôtures électrifiées par exemple).

Les lieutenants de louveterie, accompagnés parfois de chasseurs, ont été mobilisés et ont conduit 96 interventions qui ont permis une présence humaine dissuasive sur les pâturages dans les jours suivants les attaques. Ces opérations, mises en place dans le respect de la réglementation et des consignes de sécurité, ne pouvaient amener à des tirs qu’en cas d’attaque de loups envers le troupeau protégé.

Cinq tirs ont ainsi été effectués sur les 96 opérations, deux loups ont été prélevés : une louve sur la commune de Longevilles-Mont-d’Or le 20 septembre 2022 et un loup sur la commune de Frasne le 26 octobre 2022.

Ces loups font l’objet d’analyse génétique afin d’identifier leurs origines et améliorer le suivi des meutes. Les résultats de la première analyse génétique indiquent que la louve prélevée, alors qu’elle attaquait un troupeau de bovins dans un élevage détenant une autorisation de tir de défense sur la commune de Longevilles-Mont-d’Or, était la louve « alpha » de la meute du Risoux (louve dominante de la meute et seule reproductrice). La seconde analyse est en cours, les résultats ne sont pas encore disponibles.

Face à cette augmentation du nombre de prédation d’origine lupine dans le département du Doubs et au vu du contexte spécifique de l’élevage jurassien, le préfet coordonnateur du Plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage a autorisé la mise en place d’une expérimentation de tir de défense contigu en 2023. Pour mettre en oeuvre cette expérimentation, un protocole sera établi en collaboration avec l’ensemble des acteurs, en particulier les associations de protection de la nature et les représentants agricoles. Il définira le cadre et les conditions de cette expérimentation.

Afin de réduire la vulnérabilité des troupeaux de bovins, plusieurs pistes sont ou vont être testées en 2023, comme :

le développement d’opérations d’effarouchement qui sera permis en 2023 grâce aux formations au permis de chasse des éleveurs ;

la mise en place de chiens de protection de troupeau. Trois éleveurs bovins du Doubs ont d’ores et déjà été retenus pour bénéficier d’aides à l’acquisition de chiens de protection et d’accompagnement pour l’intégration du chien dans le troupeau dans le cadre d’un dispositif expérimental financé par le préfet coordonnateur ; d’autres éleveurs ont manifesté leur intérêt pour intégrer l’expérimentation.

Enfin, sur proposition de la présidente du Conseil régional et avec le soutien de l’État qui participera à son financement, un poste a été créé à l’Agence Régionale de Biodiversité afin d’expérimenter les dispositifs de protection des bovins et transférer des connaissances vers le monde de l’élevage.

Information sur le recrutement en cours à l’Agence régionale de la Biodiversité Bourgogne- Franche-Comté :

www.arb-bfc.fr/recrutement

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ARCHIVE

Tir de défense létal d’un loup sur une parcelle prédatée à Frasne

Le mercredi 26 octobre 2022, vers 20h30, un binôme de lieutenants de louveterie mandaté par un éleveur a procédé au tir létal d’un loup sur une parcelle où un troupeau avait été prédaté dans la nuit du 24 au 25 octobre à Frasne.

Le tir de défense avait été autorisé par Jean-François COLOMBET, préfet du Doubs, par arrêté préfectoral pris le 25 octobre, après la prédation constatée la veille sur la parcelle en question. Le tir a été déclenché alors qu’un loup était observé en situation d’attaque sur le troupeau du GAEC concerné. Il est donc parfaitement conforme aux dispositions de l’arrêté ministériel du 23 octobre 2020.

La carcasse de la génisse tuée dans la nuit du 24 au 25 octobre 2022 était par ailleurs, comme le prévoit l’arrêté ministériel, en cours de prise en charge par les services d’équarrissage. Cet enlèvement qui doit être effectué dans les 48 heures suivant l’information du service d’équarrissage par l’éleveur n’avait pas encore été effectué.

Les observations faites, personnellement, par le chef de service de l’Office français de la biodiversité (OFB), quelques moments après le tir, établissent qu’il a été réalisé dans les conditions requises par la réglementation. Le loup a procédé à une attaque physique du troupeau présent dans les parcelles, sans s’intéresser à la carcasse présente. Un compte-rendu précis a été transmis à l’autorité préfectorale.

Jean-François COLOMBET, préfet du Doubs, rappelle l’importance d’aller au-delà de cette seule réponse pour protéger les troupeaux contre les attaques lupines.
Un travail a été enclenché avec des expérimentations de protection dans l’objectif de proposer des mesures adaptées au territoire afin d’assurer la bonne cohabitation entre les éleveurs bovins et le loup dans le massif jurassien.