Après de longs mois de gestation, le projet de modernisation présenté par les Ateliers d’Architectes Chabanne de Lyon est validé par le conseil municipal de Besançon. C’est en collaboration avec Bernard Avon, relais régional sur la question de l’accessibilité au sein de l’APF, que vont être étudiés les aménagements intérieurs et l’environnement direct du lieu afin de le rendre praticable et accessible par les personnes à mobilité réduite. Avec une jauge maximale de 4200 places assises fixes, le Palais des Sports s’affiche aujourd’hui comme la seule enceinte régionale en capacité d’accueillir des manifestations sportives de sports en salle de niveau national et international.

A l’occasion du premier spectacle de patinage de la saison, Holiday on Ice, nous avons pu examiné et évalué l’efficacité et la cohérence des nouveaux aménagements, grâce au regard avisé et compétent de Mr Avon. Car l’accessibilité est un problème quotidien pour 7% à 8% de la population française. Cela signifie concrètement  de pouvoir se rendre dans l’immeuble d’un ami ou au cinéma sans se faufiler par le parking ou emprunter le même parcours que celui des poubelles. La non-accessibilité constitue clairement une cause de discrimination. C’est la principale barrière qui empêche une personne handicapée de s’intégrer dans sa ville et de prendre part à la vie comme un véritable citoyen.
Commentant le lieu, Mr Avon souligne le fait que l’aménagement d’un espace pour les personnes à mobilité réduite doit être pensé d’un point de départ à un point d’arrivée. A l’extérieur du Palais des Sports, nous notons la présence de 2 places de parking réservées et signalées, qui se situent à proximité d’une porte d’entrée. La largeur des portes d’entrée, parce qu’elles desservent un bâtiment pouvant accueillir 4200 personnes, fait au minimum 1m40 les deux vantaux ouverts. Tous les guichets sont à 80 centimètres de hauteur afin de voir et d’être vu, y compris lorsqu’on est assis sur un fauteuil roulant. Bernard Avon précise qu’il a incité une modification concernant l’aménagement des sanitaires pour handicapés. Ainsi, ils n’ont pas été conçus en fonction de la distinction  » femme  » /  » homme « , mais à partir du handicap. La distinction entre les 2 cabinets d’aisances aménagés résident dans le positionnement des toilettes dans la pièce : un propose une barre d’appui sur la droite et l’autre sur la gauche. Dans la salle des sports, dispersés au premier étage près des portes d’accès à la coursive, sont aménagés vingt emplacements dont la taille minimale est de 0,80 sur 1m30 afin d’y loger un fauteuil roulant.

Cette présentation paraissait convaincante; mais ce soir là, au Palais des Sports, personne ne se doutait que le seul ascenseur desservant le premier étage pouvait tomber en panne ! Pourtant ce problème semblait avoir été réglé le matin même par un technicien de la société OTIS. Face à une situation aussi exceptionnelle, l’occasion nous est alors donnée de constater la réactivité et l’inventivité de Denis Poncet, responsable du bâtiment, et du personnel assurant la sécurité. Après quelques hésitations, une « solution de repli » est trouvée. Un groupe d’une vingtaine de personnes, dont une dizaine en fauteuil, font alors volte face direction…la sortie. Après avoir contourné une partie du bâtiment, notre guide nous fait signe d’emprunter…l’entrée des artistes ! C’est au même niveau que la piste de patinage, sur un des côtés non prévu à cet effet, qu’est installé le groupe. Mais cette solution ne convient pas à tous. Les responsables de la Maison d’accueil spécialisée de Novillars, accompagnant ce jour-là des handicapés, considèrent à juste titre que la vision offerte par ce nouvel emplacement ne correspond en rien aux places réservées qui se situaient au 1er étage  » face à la scène « .
La seule défaillance de l’ascenseur a compromis le plaisir de personnes pour lesquelles les soirées spectacles se font rares. Cet incident n’est malheureusement que l’illustration d’une injustice quotidienne. Mais l’évolution de la réglementation nationale devrait améliorer à terme les normes d’accessibilité minimum actuelles afin de mieux prendre en compte la liberté des personnes handicapées.

Laura FRANCO