Comme sur tous les plateaux karstiques, le sol est éventré de nombreuses cavités souterraines. Autrefois considérés comme des vestibules de l’enfer par l’imagination populaire, ces abîmes entretinrent pendant des siècles des craintes les plus diverses. Le diable semblait régner sur ce monde des ténèbres que parfois les humains osaient timidement affronter.
Le puits de la Belle Louise, non loin de la grotte des Cavottes à Montrond-le-Château, est situé à une centaine de mètres en contrebas des ruines de la forteresse féodale. À l’époque de la légende, Montrond est le chef-lieu de la seigneurie du même nom. Le gouffre fut désigné ainsi en raison d’un tragique événement devenu légende. Il existe plusieurs versions de cette histoire, tant orales qu’écrites et qui se rejoignent plus ou moins. voici une synthèse de cette histoire probablement inspirée d’un fait réel : Au temps où le majestueux château dominait le village, une jeune bergère appelée Louise, fiancée à un pauvre métayer qui la cherchait en mariage depuis longtemps, consentit, non sans désintéressement, à une autre union avec le riche seigneur local alors que son fiancé était retenu prisonnier dans une contrée lointaine.
Après quelques temps, les noces eurent lieu en l’église de Villerssous- Montrond et furent suivies d’un banquet où rien ne manquait. La Belle Louise était venue baronne mais en vain. Vers minuit, la jeune mariée se dirigea vers la chambre nuptiale mais un bras vigoureux l’emmena au dehors sur un coursier rapide. Le diable en personne emportait la Belle Louise dans son sinistre royaume des ténèbres et la précipita dans les profondeurs de l’abîme pour la punir de son parjure. C’était au coeur de l’hiver, la neige recouvrait le sol ; les traces de pas restèrent imprimées dans le sol et servirent à diriger les recherches le lendemain matin. Le seigneur et ses gens arrivèrent devant le gouffre d’où émanait une forte odeur de mort. (précision : selon les différentes versions, on aurait trouvé au bord du précipice, « une pantoufle abandonnée », « des débris de parure qui avait orné son cou », « quelques lambeaux de la robe de mariée qui étaient encore accrochés aux épines qui bordaient l’abîme » ou dans le gouffre « sa cervelle » !).
Puis, pour constater la mort de la malheureuse, plusieurs villageois courageux descendirent dans le gouffre à l’aide de cordes et rencontrèrent son cadavre gisant sur un banc de roches en saillie (précision : le puits d’entrée affiche une verticale de 46 mètres). Pour témoigner de leur macabre découverte, ils coupèrent le doigt qui portait encore l’anneau du mariage. Ainsi fut nommé le puits de la Belle Louise.
La date de cette histoire nous est inconnue mais au vu des éléments contenus dans le récit, on peut supposer qu’elle a eu lieu (si elle a vraiment eu lieu) à la fi n du Bas Moyen Âge (XVe siècle) voire même peut-être postérieurement (XVIe ou XVIIe siècle). Rappelons au passage que la Belle Louise ne fut pas la seule victime du puits d’entrée (fatal en cas de chute), mais que deux spéléologues y trouvèrent la mort en 1973 et 1983
Extrait de l’ouvrage Le plateau de Montrond autrefois,
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